14 juillet 2004
L'Alpamayo est appellée la "mas bella montaña del mondo" pour sa forme de diamant parfait. En effet, elle présente, outre sa magestueuse face sud, trois autres faces d'une aussi grande pureté. La face sud de cette Montagne présente un défi aussi élevé qu'esthétique. La voie Ferrari, ainsi que la voie des français, sont très régulièrement parcourus (plusieures cordées par jour en pleine saison). Nous vous présentons ici la voie des Polonais, ice-flûte situé immédiatement à gauche de la Ferrari. Notons que chaque Ice-flûte est à priori faisable, et de difficulté sensiblement égale. Seule la rimaye posera parfois certains problèmes d'accès.
La voie des Polonais était entièrement en glace lorsque nous l'avons faite en 2004, et mérite pour cette raison la cotation D+. Sa voisine de gauche, la ferrari, est généralement en neige, moins raide et toute tracée.
L'engagement de cette voie est très grand. D'une part, le camp de base est éloigné, et les secours mal organisés. D'autre part, la face est invisible depuis le camp de base. Enfin, on vous racontera souvent l'histoire du guide français qui a dévalé la totalité de l'ice-flute avec la corniche sommitale, pour finalement se retrouver indemne mais sans son client 700m plus bas. Tout l'itinéraire est situé sous le sérac sommital, qui tombera bien un jour...
Description technique
nom: voie des Polonais, Alpamayo, Cordillera Blanca, Pérou
difficulté: D+
engagement: V
type: couloir de neige puis goulotte entre les ice flute
dénivelée totale: 700m
Approche
L'approche de ce sommet se fait par la longue et magnifique Quebrada Sant Cruz. On accède à cette vallée par le village de Cashapampa, lui même rejoint en taxi ou collectivo depuis Huaraz. On y engage les burros et leurs ânes, on y refait une dernière fois son sac, on fixe le rendez-vous avec le taxi... Possibilité d'acheter son billet d'accès au Parc de la cordillère Blanche (environ 20 USD) dans ce dernier bout de civilisation avant la grande aventure.
L'approche se fait en partant de Cashapampa, puis en remontant la Quebrada de Santa Cruz. 2 jours jusqu'au camp de base.
Camp de base
Situé à 4300m, celui-ci est très confortable pour y achever son acclimatation. On y trouve des étendues d'herbe pour y planter la tente, des baños habrités pour faire ses besoins (presque propres), et même une sorte de buvette pour y trouver une bonne Cerveza en redescendant. Il peut y avoir du monde en pleine saison (août).
De ce camp, on ne voit pas la magnifique face sud de l'Alpamayo, mais on aperçoit le col (5550m) qui permet de basculer vers le camp I. On l'atteint en remontant les pentes couvertes de végétation par un sentier bien marqué, puis en suivant les cairns sur la moraine. Le glacier débute à 5000m environ, et il est généralement bien tracé.
La dernière pente menant au col peut paraître un peu raide, surtout avec les gros sac et l'altitude. Elle est parfois équipée d'une corde fixe, et se descend généralement en rappel (prévoir des pieux à neige).
Camp I
Le camp I est situé à 5500m d'altitude, juste derrière le col. Parfois, la plate-forme sur lequel il est installé n'offre pas suffisament de confort (trop de monde, crevasses). On peut alors tout à fait l'installer sur le grand plateau glaciaire situé en contrebas.
La voie des Polonais
Du camp I, redescendre au pied de la face sud, puis remonter les contreforts de celle-ci jusqu'à la rimaye. Suivre celle-ci sur la gauche le long de sa lèvre inferieure, dépasser le départ de la voie ferrari, puis atteindre le sommet du grand cône formé à l'aplomb du sérac sommital.
L'Alpamayo, 5947m. Voie des Polonais. Photo prise depuis le camp I
La rimaye se franchit facilement. Remonter le couloir de neige qui se raidit (55°) et devient en glace. Contourner le sérac à sa base par la droite par une jolie goulotte, avec quelques ressauts courts à 80°. Juste sous le sommet, on atteint les relais de la Ferrari. Une dernière longeure très raide et en neige permet de rejoindre une petite brèche.
NB: le sommet de l'itinéraire peut énormément varier d'une année sur l'autre, bien se renseigner auparavant.
Bibliographie
La bible des andinistes de la région est le très joli topo de Brad Johnson "Classic Climbs of the Cordillera Blanca, Perù". Il est édité en couleur, et était réellement à jour en 2004. Vous le trouverez dans n'importe quel bon magasin spécialisé (à Paris, au Vieux-campeur par exemple)
Il ne nous reste plus qu'à vous souhaiter un bon voyage...
Renaud
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